mardi 8 février 2011

Interview exclusive de Nicolas Bordas

Interviewé, Nicolas Bordas Président du groupe TBWA\France.

Et oui, malgré ses nombreuses activités, malgré toutes les sollicitations de ses fans (plus de 4900 amis sur Facebook ... dépêchez-vous si vous voulez en être puisqu'il sera bloqué à 5000, 5500 abonnés sur Twitter), malgré toutes ses interventions (dernière intervention repérée :  NetExplorateur 2011), il nous a reçu pour nous  donner sa vision sur les réseaux sociaux...

Et si nous avions de la chance ? Nous la partagerions. Et c'est ce que nous faisons maintenant en vous publiant ses premières réponses (il faudra attendre demain pour avoir la suite...).

TheSocialMediageneration (TSMG) : Comment peut-on expliquer le succès phénoménal des réseaux sociaux ?

        Nicolas Bordas (NB) : La technologie a apporté aux gens une nouvelle façon de pouvoir communiquer
        et cela correspond profondément à ce qu’ils attendaient. D’ailleurs, ce qui est amusant,  c’est que le
        succès de cette nouvelle façon de communiquer aujourd’hui démontrée par Facebook à l’échelle
        mondiale avait déjà été démontrée par le Minitel en France bien avant.

        En fait, l’usage principal des avancées technologiques se concrétise par des outils de mise en
        relation, de communication. Ces outils permettent de communiquer avec les gens qu’on aime et,
        contrairement à ce que certains affirment, il n’y a pas d’un côté ceux qui sont dans la vraie vie et de
        l’autre ceux qui seraient un peu dans le fantasme, dans une vie virtuelle. Ça a été un peu le cas au
        début (Second Life était un bon exemple de cette rupture entre la vraie vie et une vie virtuelle, off-line
        et le on-line) mais l’accès à ces nouveaux modes de communication est de plus en plus facile avec
        l’équipement croissant en ordinateurs, le haut-débit, l’accès mobile à internet  avec les
        smartphones, les iPhones et iPads. Ces nouveaux modes de communication accompagnent
        dorénavant les gens en permanence, partout.
        Et ce qui était une bulle digitale est entré dans la vraie vie, créant des occasions supplémentaires
        de rester en contact avec ses amis.  Et on constate que les gens qui sont les plus actifs sur les
        réseaux sociaux sont aussi ceux qui sont les plus actifs dans la vie.
        Ceux qui ont le plus d’amis sur les réseaux sociaux sont ceux qui ont le plus d’amis dans la vie.
        L’un ne remplace donc pas l’autre mais l’un vient en complément, en renfort de l’autre.

        Les réseaux sociaux correspondent, de mon point de vue, à un besoin entre l’intimité pure et l’image
        que je donne à l’extérieur. Il s’agit d’une relation un peu intermédiaire que certains appellent l’extimité
        (cf l'extimité définie par le psychanalyste Serge Tisseron sur Wikipedia) et  cette intimité
        extériorisée qui est  une sorte de libération pour beaucoup de gens.
        Et c’est pour cette raison que les gens s’en servent et s’en servent durablement.

        Je vous rappelle qu’avant qu’existent tous ces services, l’usage principale d’internet  était les mails.
        Facebook a juste apporté  une nouvelle manière de communiquer,  plus fun, plus ludique, qui permet
        d’échanger des photos de manière plus simples, de les détaguer… etc.  Mais au fond ça n’est
        jamais qu’une forme de communication mail ultra améliorée. Il y a ce coté léger, ludique de
        contact avec sa « tribu » en quelques sortes.


TSMG : En quoi l’apparition des réseaux sociaux a modifié la publicité sur internet ?

      NB : Ce sujet est un point absolument majeur dont on ne vit aujourd’hui  que le début.
      Nous vivons une période de changement radical : historiquement, les marques communiquaient à des
      clients donc via tous les points de contacts possibles et imaginables. Sur un marché donné, une
      marque a – en moyenne- 50 points de contact pertinents. Elle était toujours dans une posture
      « descendante »  (je m’adresse à un client, j’envoie mon message) et l’effet attendu par la marque
      était  d’influencer le comportement d’achat d’un client ou d’un prospect.

      Le client restait systématiquement extérieur à la marque. Il y avait cependant quelques exceptions
      rarissimes. Par exemple, Tupperware a  inventé, il y a plus de 50 ans, un modèle différent. Celui-ci
      consistait à transformer les clientes en ambassadrices de la marque : les Tupperwares ne pouvaient
      être  achetés qu’au cours de réunions que des ménagères organisaient chez elles.  



     
  A part cette exception et pour simplifier  on peut dire que, généralement, l’objectif attendu de la
       communication  d’une marque était de faire en sorte que les gens achètent ses produits   

       Subitement, avec  l’arrivée des réseaux sociaux, les consommateurs ne sont plus simplement des 
       cibles qui reçoivent des messages mais ils deviennent des médias à part entière. Ils ont un pouvoir
       de relais. Bien-sûr, ils l’ont toujours été un peu  grâce au bouche à oreille mais internet permet
       aujourd’hui, à faible coût et facilement, d’activer ce pouvoir de recommandation et de permettre
       aux gens de devenir des ambassadeurs de la marque. Ils ne sont plus simplement  des cibles dont
       on attend seulement un acte d’achat ou - très occasionnellement - de dire du bien de la marque, ils
       deviennent aussi des relais des messages de la marque puisqu’ils vont pouvoir diffuser un film qu’ils
       trouvent sympa, relayer des informations, affirmer leur attachement à la marque ou à une de ses
       initiatives (le « like » de Facebook)…


      En réalité, le grand changement est que les consommateurs qui recevaient des messages de la
      marque au travers des médias historiques juste pour acheter des produits deviennent subitement,
      eux-mêmes, des médias et font presque partie intégrante de l’entreprise. Les marques doivent donc
      désormais considérer que leurs publics sont aussi des ambassadeurs qui vont pouvoir relayer des
      messages tout en achetant des produits.
 
     C’est vraiment un changement de posture majeur de considérer les gens qui aiment votre marque
     comme des gens qui vont pouvoir être des relais très influents sur les autres. Les marques qui l’ont
     compris sont les marques jeunes. En effet, l’amour de certaines megabrands ( grandes marques
     mondiales telles que Coca, Pepsi..) est plus fort en moyenne chez les jeunes.
     Par ailleurs, cette capacité à comprendre le système, à l’adopter, à en jouer, à rediffuser et à faire
     buzzer les trucs marche plutôt mieux chez les jeunes.
     Un certain nombre de marques l’ont compris et ce sont  celles qui ont globalement , aujourd’hui,
     le plus de fans sur leur pages ou activent le plus avec des opérations étonnantes leur base de fans
     et ça c’est nouveaux.

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